Giannalberto Bendazzi, célèbre historien de l’animation, est décédé en décembre 2021. Il est entre autres l’auteur du livre « Alexeieff : Itinéraire d’un maître » aux éditions Dreamland, un ouvrage des plus complets sur la discipline de l’écran d’épingles qui a été d’une grande aide pour Alexandre Noyer dans la conception de ses écrans nouvelle génération.

Ces passionnés d’animation ont pris contact en 2015, où, au fil des années, ils ont échangé. Alors qu’Alexandre partageait ses avancées dans la conception de ses propres écrans d’épingles, Giannalberto lui offrait généreusement des documents inédits qui se sont avérés précieux dans leur achèvement.

Ils se sont finalement rencontrés en 2019, au Festival international du film d’animation d’Annecy, où Giannalberto a montré un fort enthousiasme envers les écrans d’Alexandre, lequel travaillait alors toujours sur notre Alpine.

Giannalberto Bendazzi nous a fait l’honneur d’un magnifique texte sur la discipline de l’animation à l’écran d’épingles et sa perpétuité dans une époque nouvelle.

 

« Un avenir pour les épingles

L’écran d’épingles est un outil tactile. Son produit est visuel, mais le procédé est tactile. Je l’ai expérimenté personnellement, sous le regard câlin mais vigile d’Alexandre Alexeieff, qui m’encourageait à enfoncer les épingles avec de petits instruments bigarrés qu’il gardait dans son atelier. Le toucher était agréable comme une caresse. Pendant que je mouvais ma main je m’apercevais que la douce résistance des épingles me suggérait des lignes et des formes, comme la douce résistance d’un pinceau trempé dans la palette suggère des traces et des nuances sur la toile.

Voilà la raison pour laquelle je ne crois pas à une version évolutive de l’écran en direction électronique, quoique des essais aient été faits. Une fourchette, des souliers, une chaise occupent au XXI siècle la même place qu’ils occupaient au siècle dernier. L’écran d’épingles aussi.

Je crois pourtant à un fructueux mariage entre images faites à l’ordinateur et images faites à l’écran (comme au crayon, à l’huile, à l’aquarelle, bien sûr). Ces images au grain fin, à la texture seuratienne, sont impossibles à obtenir autrement, et le langage d’un montreur de mondes rêvés ne peut que s’en enrichir.

Je salue donc la fabrication d’un nouvel écran professionnel avec enthousiasme – tout en espérant d’en saluer bientôt d’autres – puisqu’elle est, pour moi, un pas en avant pour la liberté créative des jeunes d’aujourd’hui et de demain. »

Giannalberto Bendazzi
1946-2021

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Giannalberto Bendazzi et Alexandre Noyer au Festival international du film d'animation d'Annecy, 2019