Fascinée par ce qui se cache derrière les images, Léna Mill-Reuillard explore depuis une dizaine d’années cette idée par l’accumulation de couches, de surfaces, par le réflexion, la juxtaposition au sein de l’image même, mais surtout par le mode de présentation de ses installations.

Double Instantanéité explore le verso de l’image au moment de la prise de vue. Elle capte ainsi des paysages antinomiques se trouvant devant – par l’objectif – et derrière – par l’œilleton – sa caméra 16mm. D’un horizon à l’autre, elle trame ces lieux qui, grâce au procédé de captation, deviennent presque abstraction ; elle étoffe ces paysages en les croisant, en les enchevêtrant malgré leurs contradictions, activant ainsi un petit théâtre visuel qui mène naturellement à nous prendre au jeu de l’image.

Double Instantanéité hybride le recto et le verso de la prise de vue en une seule image afin de créer un autre sens et ainsi montrer que toute image est une construction, et que notre écoute est singulière.

Léna Mill-Reuillard travaille l’image, qu’elle soit photographique, vidéographique ou cinématographique, en s’interrogeant sur les limites de celle-ci : son impermanence, la rencontre entre le tangible et la représentation, la tension entre le cadre et le hors-champs. Elle hybride les temporalités et multiplie les espaces à la recherche d’une expérience spatio-temporelle qui serait propre à l’œuvre et à sa mise en exposition. Son approche de la photographie en tant que surface-écran, à la fois capable de cacher et de révéler, est une constante qui traverse les dix dernières années de sa pratique.

Elle détient un baccalauréat en cinéma ainsi qu’une maîtrise en arts visuels et médiatiques de l’Université du Québec à Montréal. Son travail a été présenté dans plusieurs galeries et centres d’artistes à travers le pays : DRAC (Drummondville), Dazibao (Montréal), la Galerie de l’UQAM (Montréal), VU Photo (Québec), La Bande Vidéo (Québec), Espace F (Matane), Back Gallery Project (Vancouver). Elle est récipiendaire de nombreuses bourses et distinctions, dont la résidence de production-diffusion PRIM|Dazibao 2015 grâce à laquelle elle a réalisé l’installation vidéo Machinari, qui a remporté le Prix du CALQ – Œuvre de la relève à Montréal. En 2018, elle était finaliste au Prix Pierre-Ayot. Parallèlement à sa carrière en arts visuels, plusieurs films auxquels elle a collaboré à titre de directrice de la photographie ont voyagé dans de nombreux festivals internationaux et remporté plusieurs prix.