Projet détournant une certaine image de la femme véhiculée par des médias numériques dans notre culture consumériste. Indubitablement, la promotion stérile et rigide d’un seul modèle de corps, qui se doit d’être mince et éternellement juvénile, conditionne le regard à rejeter le vieillissement féminin. La prédominance de ces représentations féminines uniformisées qui poussent les femmes à se considérer comme éternellement perfectibles et, par conséquent, à être constamment insatisfaites, transforme ces dernières en consommatrices idéales. Bien entendu, les industries cosmétiques et esthétiques profitent allègrement de ce piège systémique. Cette propagande est si efficace qu’à travers les médias sociaux, les femmes peuvent elles-mêmes se proposer comme outil de promotion, voire comme produit de consommation. Les plates-formes numériques mettent d’ailleurs à notre disposition toute une gamme de filtres facilitant la standardisation des corps, et encouragent ainsi le recours hâtif aux transformations esthétiques du visage, dépersonnalisant ainsi davantage les individus. Face à ce sempiternel remâchement de clichés féminins, que l’on espérait révolu, l’artiste entreprend de s’immiscer dans les rouages de cette machination afin de la faire dévier. Procédant à des séances de photographies performatives où elle aborde la problématique du vieillissement en s’infligeant des soins esthétiques déviants, l’artiste explore notamment la transformation de sa propre aliénation féminine par le biais de l’art.
L’installation, par l’accumulation délirante d’objets et de corps démultipliés, met en lumière cet état de narcissisme trouble provoqué par les modèles de femmes uniformisées martelés partout sur les réseaux sociaux. Révélant la situation grotesque dans laquelle nous nous trouvons, elle vise à mettre en évidence la discordance entre la réalité de nos corps pluriels et périssables et l’idée du caractère perfectible féminin. Afin de « corriger » notre physique, l’industrie de l’esthétique et du cosmétique offre tout un assortiment de produits et d’objets de consommations destinés au modelage et à la conservation du corps féminin. En menant une recherche sur le site de vente en ligne Amazon, l’artiste a réussi à collecter plus de 500 images de ces instruments cosmétiques, parmi lesquels elle s’est procuré plusieurs spécimens. Si ces étranges produits de formes et de couleurs variées et à l’aspect souvent futuriste peuvent avoir quelque chose de séduisant, leurs technologies douteuses les rendent surtout inquiétants. Elle a exploré ces derniers par le biais d’un projet Instagram sur le compte @SQUAREFEMININITY.
La création de ces portraits met en scène la dérision de soins sous forme de séance photo performative où l’artiste aborde la problématique du vieillissement en s’infligeant des soins esthétiques déviants. Elle explore notamment comment sa propre aliénation féminine peut être transformée par le biais de l’art. Ces manifestations plastiques détournent les sujets abordés au profit d’une métaphore d’un mal-être contemporain.