Le faux mouvement

Gwenaël Bélanger s’intéresse à la simplicité inhérente des choses. En plaçant l’objet du quotidien dans des situations parfois extrêmes, il nous le montre différemment pour laisser voir ce qui s’était dérobé au premier coup d’oeil. Dans cette tentative de mise à nu, l’ironie vient faire dévier notre perception pour aller au-delà de la banalité.  La vidéo montre un intérieur, l’atelier de l’artiste, d’un point de vue central, qui balaie le lieu dans un mouvement panoramique. Progressivement, un scintillement apparaît, quelque chose tombe. On identifie peu à peu une multitude de miroirs se fracassant au sol. Ce son, d’une rare intensité, ne dure habituellement qu’une seconde. Sa prolongation dans la vidéo révèle la violence de l’impact, et permet de saisir toute la richesse des différentes sonorités des éclats, dans un decrescendo d’une grande efficacité. L’attente qui précède ce fracas ne permet pas seulement de voir un objet qui tombe et se casse, mais surtout de saisir la chute, le bris, la fin, une image qui se désintègre et qui éclate lentement sous nos yeux. La photographie panoramique de plus 8 mètres de long représente à nouveau ces miroirs précipités dans leur chute, saisis au moment de leur éclatement au sol, dans cette fraction de seconde d’hésitation entre gravité et apesanteur. Les effets de flous et de clairs/obscurs de la photo perturbent la perception du sujet de l’image, cédant la place à l’image elle-même.