K-DIALECTICS est un projet d’archivage multidisciplinaire qui explore l’héritage violent du colonialisme japonais au sein de la mémoire diasporique coréenne par le biais d’une installation photo-textile et d’une animation expérimentale. Fondé sur une collaboration archivistique avec des institutions et activistes coréens, le projet délaisse la narration linéaire en faveur de procédés de fragmentation, de rupture et de contradiction – des stratégies expressives qui reflètent les effets du traumatisme historique.

Le volet photo-textile fait usage de la Split Photography pour déformer les images d’archives, incitant les spectateurs à naviguer dans des visuels incomplets et fracturés qui reflètent l’impossibilité de représenter pleinement le traumatisme. L’animation réimagine les croquis de témoignages de survivants, examinant comment la domination coloniale crée les conditions de résistance. En mettant en lumière la lutte anticoloniale de la Corée – des mouvements d’indépendance à la préservation culturelle –, l’œuvre retrace les manières avec lesquelles la mémoire et les histoires non-résolues persistent comme forces spectrales.

Ensemble, ces deux volets mettent en scène une rencontre dialectique où la mémoire ne réconcilie ni ne résout, mais persiste plutôt en contradiction aux récits dominants, revenant comme la trace de ce que l’histoire tente de supprimer et insistant sur son devenir continuel au travers l’absence, la rupture et la résistance.

Bomi Yook est une artiste médiatique basée à Calgary qui travaille avec les médias immersifs, l’animation expérimentale et la vidéo-performance. Son travail explore l’hybridité identitaire, les paysages culturels et les systèmes de savoirs, s’appuyant souvent sur la mémoire collective de la diaspora coréenne et ses liens complexes avec l’immigration et la colonisation. Naviguant les nuances inhérentes de l’appartenance à de multiples cadres culturels, la pratique de Yook reflète la nature paradoxale de l’identité, soulignant son incomplétude, son incongruité et son intersubjectivité. Explorant les écologies de la trace – de l’Autre et de l’altérité en soi –, son travail révèle l’identité et les idéologies comme étant inter-constitutives, voyant le monde comme un mélange paradoxal de contextes plutôt que comme des définitions distinctes et isolées.